La Kasbah d’Amergo
La kasbah d’Amergo est située à environ 50 km au nord-ouest de la ville de Fès dans la commune rurale de Moulay Bouchta el Khammar (province de Taounate), sur une montagne portant le même nom et dominant l’oued Ourgha.
La kasbah fut construite par les almoravides à la moitié du XIème siècle et se considère un chef-d’œuvre de la construction militaire de l’époque. Elle a d’abord servi d’habitation sous le règne d’Ali Ben Youssef Ben Tachfine. Par la suite, elle faisait parti d’une série de fortifications érigées par les Almoravides (1056-1147) afin de contrarier l’armé almohade. Vers le milieu du XIIème siècle, entre les années 1141-1142, elle apparaît comme tête de ligne de la résistance contre l’offensive almohade. Elle est également citée en 1145-1146, après la prise de Fès par Abd al-Mumin Ibn Ali où elle servirait de refuge pour les habitants de la ville. Peu de temps après, elle tombe entre les mains des Almohades, date à partir de laquelle elle n’apparaît plus qu’occasionnellement dans les sources historiques.
La kasbah fait un monument exceptionnel par son plan et sa technique de construction assez atypique des constructions de l’époque. Elle recèle, d’après les études, une influence des fortifications méditerranéennes et andalouses, due vraisemblablement à la présence dans l’armée almoravide d’une milice chrétienne dont certains éléments pourraient être les véritables constructeurs.
Constituée presque exclusivement de pierre ou de moellon dégrossi, la forteresse présente une forme plus longue que large, occupant toute l’étendue de l’éperon rocheux sur lequel elle est construite, sur une superficie approximative de 1,4 ha. Adapté à la topographie, le rempart de la kasbah offre une multitude d’angles défensifs avec douze tours de différentes dimensions. La forteresse fut vraisemblablement desservie par des portes droites. Celle principale s’ouvre probablement sur l’ouest et donne sur deux salles, rectangulaire au nord et carrée au sud-est. Au milieu, se dresse une construction flanquée de deux tours qui servait de logement au chef de la garnison. La kasbah conserve également des silos creusés dans le sol et les traces d’une éventuelle citerne qui aurait été aménagée au sud-est de la cour centrale.
La Kasbah et sa zone de protection sont classées par le dahir du 10 décembre 1931 (B.O n° 951 du 16 janvier 193, p.54)